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CyberDenise

1 août 2007

Denise018

Vacances pour tout le monde...
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25 juillet 2007

Denise017

« In-fil-tra-tion au ni-veau – 2, un hu-ma-noï-de pi-pè-de non-ré-per-to-rié ten-te de pi-ra-ter la sé-cu-ri-té du sas. Que tou-tes les sen-ti-ne-lles se ras-sem-blent au point A-l-X-45 pour une in-ter-ven-tion im-mé-dia-te. Que les hu-mains res-tent dans leur bu-reau et pren-nent la po-si-tion “breath” se-lon le co-de de Sé-cu-ri-té… Je ré-pet-te…In-fil-tra-tion... »
Une myriade de voyants rouges clignotaient dans le labo pendant que Rudolph continuait d'hurler son alerte.
Denise, terrorisée, sursauta et envoya valdinguer sa gamelle, puis fila en titubant se réfugier dans sa couveuse. Tous se regardèrent, ne sachant quelle position adopter. S'agissait-il d'un énième bug de Rudolph, ou pour une fois d'une véritable alerte ?…
Soudain, ils entendirent une explosion sourde et tout le bâtiment sembla vibrer. Quelques instruments en sweet-verre se brisèrent, puis se fut le silence. Durant quelques secondes chacun pu percevoir les battements de son propre cœur.
Les unes après les autres, les lumières s'éteignirent, les appareils électroniques tombèrent en panne. D’abord les néons à proximité du sas, puis la photocopieuse et enfin la cafetière. La zone de perturbation avait pour épicentre le sas, et semblait s’étendre au reste du labo inéluctablement, comme un tâche d’encre sur une feuille de papier humide.
En quelques secondes, tout l’étage sombra dans l'obscurité.

Tabatha entendit Doug claquer des dents de trouille.
— Mon Dieu, c’est une charge électromagnétique!…
Elle avait lu un article de fond sur le sujet dans le Cosmo de la semaine dernière : peu de bruit, peu de fumée, aucune odeur: La E-bomb était d'après l'article, une bombe "propre" à énergie micro-ondes de forte puissance, mais son impact était jugé négligeable sur les êtres humains, faute de preuves cela dit, (puisque ces armes étaient interdites par la convention internationnale depuis 2023). En revanche, tous les équipements électriques et électroniques étaient réceptifs et donc vulnérables… Plus aucuns téléphones, ordinateurs, ou pace-makers ne pouvaient fonctionner à moins de cent mêtres à la ronde…
Les Spy-Sentinelles avaient dûes elles aussi, griller. A moins qu’elles ne soient protégées par un système dit "Barrière-Mirroir". Dans ce cas seulement, elles ne pouvaient émettre  ou sonner avant quelques secondes, quelques minutes tout au plus, suivant la sophistication du dispositif.

Denise grattait dans sa couveuse, Doug se cachait sous son bureau, Murdoch semblait dans les choux. Quand aux deux autres, ils devaient être plus loin, quelque part entre la couveuse et le mur. Tabatha, toujours accroupie avança doucement vers la porte… Elle se pencha, et dans le couloir, lorsque ses yeux s’accoutumèrent enfin à l’obscurité, elle distigua une silhouette noire qui s’approchait prudemment du laboratoire.
C’était un individu de taille moyenne dans une combinaison de survie noire, en Tech-Komba©. Deux Perso-Mano-Sentinelles se déplaçaient à ses cotés, éclairant d’un petit cône bleuté sa progression à l'aide de leurs Nano-sweet-torches.
L’individu avait un masque avec filtre à oxygène et lunettes intégrées, certainement thermographiques, d’après ce que savait Tabby sur les équipements militaires.
Elle était donc parfaitement repérable ainsi que ces amis…
L'intrus pointa son arme d’assault en plastique de synthèse dans sa direction. Les deux Perso-Mano-Sentinelles voletèrent autour de Tabby, et avant qu’elle n’ait pu dire un mot,  lui injectèrent par aiguillon intradermique une dose de somnifère…

24 juillet 2007

Denise 016

Au 5ème sous-sol, dans le labo d'expérimentation, il y avait effectivement du monde:
Denise, était au centre de toutes les attentions.
Après avoir exigé un copieux petit-déjeuner constitué d'une purée de cacahouètes et de pétales de moules déshydratées — ce qui laissait planer comme un étrange parfum dans le labo — elle devait être soumise à une première oscultation générale. A la suite de quoi, n'y tenant plus, Zven et Tabatha partirent en baillant s'en griller une sous la pluie.

Murdoch était bluffé. Sa créature était bien plus brillante qu'il ne l'avait espéré !
Sa loutre accepta sans rechigner de se soumettre à une batterie de tests psychomoteurs. Pour se faire, elle prit sagement place sur un siège bien trop grand pour elle au dessus duquel deux rangées de sondes se chargeaient d'enregistrer ses constantes. Les données physiologiques à peine lancées, elle rendit à Doug son carnet de Sudoku entièrement résolus!
Murdoch et son adjoint échangèrent un sourire entendu. Décidemment, Denise était une bête à poils qui frisait la perfection! Et finalement, seul son strabisme "divaguant" pouvait poser problème. Ce n'était d'ailleurs pas grand chose. Murdoch s'était en effet aperçu que les yeux fonctionnels de Denise, greffés sur la pointe de ses petites miches, avaient une fâcheuse tendance à balloter au grès de ses mouvements, ce qui lui occasionnait quelques nausées passagères et de petits problèmes de repères dans l'espace. En d'autres termes, si intelligente fut elle, Denise titubait, se cognait régulièrement la tête et ratait une fois sur deux sa bouche en mangeant.
Elle en foutait partout.

Pendant que Zven s’était enfin décidé à prendre une petite cuillère pour filer un coup de main à Denise afin qu'elle termine son repas sans tapisser l'endroit de bouts de moules, Murdoch se demandait comment il pourrait mettre la main à une heure aussi tardive, sur un soutien-gorge aux mensurations si minuscules. Il y avait bien un magasin de jouets au SuperWally Discounter, mais à coté de sa Denise si frêle, toutes les poupées vendues telles qu'il se les imaginait, lui semblaient dotées d'énormes mamelles de silicones... A moins qu'il ne lui en confectionne un avec une ficelle et deux talons de chaussettes?... tiens, pourquoi pas!  C'était une idée intéressante, il lui restait bien une paire en viscose mauve dans son casier... 
soudain, une lueur rouge illumina tout l’étage. La sirène déchira le silence de son hurlement.

15 juillet 2007

Denise 015

Toronto 8 août 2033
Sonia Zakousky était tendue.
Elle avait comme un mauvais pressentiment depuis hier soir. Ses spy-sentinelles s'étaient fait éjecter du Spa de l'Unité de Recherches Aléatoires et Comparées et Buzz, son pirate informatique le plus zélé, ne parvenait plus à espionner les dossiers classés confidentiel de Kiki. Les Illuminacés allaient devenir dingues si elle leur apprenait que quelque chose lui avait échappé!… Il fallait qu'elle en ait le cœur net.
Elle se dirigea vers le vestiaire avec la ferme intention de revêtir une combinaison en Hydrolynx© pour pénétrer incognito dans les locaux de Murdoch.
« Pfff!… dix ans qu'il n'en fout pas une ramée, et tu vas voir qu'il va me foutre en l'air tout mon taf!…».

Elle jetait un oeil par la fenêtre de son bureau en murmurant ces mots, lorsqu'elle se rendit compte qu'une vieille voiture venait de se garer sur le parking réservé au personnel. Stupéfaite, elle découvrit Zven Dos Santos et Tabatha Krüger-Laverdure sortir à droite du véhicule.
En soi, la situation n'avait rien d'exceptionnelle. C'était plutôt la façon dont ils s'extirpaient péniblement du véhicule qui était étrange. De son poste d'observation, il lui semblait que Tab et Zven sortaient l'un contre l'autre, à taton, en pouffant comme des gamins.
En fait, non. Seul Zven rigolait vraiment, car Tabatha elle, avait l'air de souffrir le martyr : Une mèche de sa flamboyante chevelure s'était salement emmêlée dans la fermeture Eclair ventrale de la combinaison de son collègue. Elle grimaçait comme si elle venait de gober un oursin. Zven avait sorti son Cutopinel© pour les séparer, mais la manœuvre avait l'air pour le moins scabreuse.
C'était un spectacle intéressant de les voir se tortiller de la sorte, l'un sur l'autre, comme une sorte de scarabé géant ayant chopé la tourista. Mais Sonia ne se laissa pas déconcentrer.
À cette heure-ci, elle était encore seule dans le petit bâtiment chromé attenant au blockhaus principal de la Midwest. Elle pouvait agir vite, et si le temps le permettait, avant même que les Illuminacées n'investissent ses méandres intérieurs pour venir récuperer les informations. Avec eux, pas question de feinter. Tout juste de gagner du temps, et encore...
Elle avait tout mis en œuvre pour entrer en contact avec eux,  elle n'allait sûrement pas tout gâcher maintenant!. Si cela venait à se savoir, elle ferait des jaloux... Avoir l'immense privilège de collaborer avec Lux Vocifer, l'Entité Métapsychique Irradiante et pouvoir peut-être un jour, enfin partager avec sa Fratrie le secret de "La Menace" des Illuminacées. C'était en tout cas le sens de sa démarche.

D'aucun dirait qu'elle était folle, qu'il s'agissait d'une légende, que personne ne croyait à ces sornettes, car d'ailleurs personne n'avait jamais approché de près ou de loin ni Lux Vocifer, ni la moindre Entitée, alors...
Alors?... Pourtant, Sonia savait ce qu'il en était. Elle avait été contactée, lors de son initiation, elle en était sûre! Parfois, même, ça vibrait sous sa peau ! Des membres réceptifs l'avaient fait basculer "de l'autre coté d'elle-même" pour lui communiquer dans sa chair, ce qu'Ils étaient en droit d'exiger d'elle, si elle voulait pourvoir partager un jour le savoir et se protéger du "Grand Secret"...
Depuis, il se passait des choses en elle. ça chuchotait dans son être, ça ondulait d'impatience au plus profond d'elle, sous ses muscles. C'était délicat et terrifiant à la fois de sentir son être intime si réceptif. Elle soupira profondément.
Il était encore très tôt, une fine pluie d'hydrocarbure commençait à tomber. Dans une demie heure à peine, le paysage prendrait de tristes teintes sépias et l'air s'imprégnerait de cette entêtante odeur de dissolvant. Elle serait alors tranquille pour se glisser quelques minutes dans les bureaux...
Pourtant, au moment même où elle s'apprêtait à revenir sur ces pas, quelque chose d'autre attira son attention : Les grilles d'aérations, au pied du bunker... Leurs volets étaient relevés ! Elle n'avait pas prévu ça... Il y avait donc quelqu'un au labo, à 5h12, un dimanche!
Il allait falloir faire preuve de beaucoup d'habilité...

14 juillet 2007

Denise 014

« Putain, je suis vraiment leur larbin! » Pensa Doug alors qu’il courait vers les vestiaires en faisant
un petit bruit de moteur avec sa bouche…
Une boite d’huîtres, une autre de préservatifs "Small roudoudou", un gant de toilette en crin, trois Tee-shirts de l’Alternat Union, un miroir cassé, une pile d’autocollants de hip-hop, une flopée de vêtements sales,
des petits sachets en plastique remplis de terre, de cendre ou de sable, des mégots, des culs-de-joints,
des bonbons, des paquets de gâteaux vides, une brosse à dent, une autre boite de préservatifs, un téléphone portable cassé, un jean déchiré au cul, du sel, un escarpin vert troué au gros orteil, un tire-bouchon, un tampon, un stylo et puis deux, et un livre, enfin :
« La psycho pour les nuls. Les clés de l'esprit pour appréhender l'autre et se comprendre soi-même »…
Il le feuilleta en revenant au labo, et le tendit froidement à Zven, ouvert au chapitre
« Ethologie, comportement animal »…
Doug avait décidé de faire la gueule, il était véxé, il aurait voulu frimer un peu devant Tab et Zven mais au lieu de ça, Murdoch le faisait passer pour la Dame Pipi de l'étage! Il observa Denise et soupira.
Bizarrement, elle semblait lui sourire...
Décontenancé, il fronça les sourcils et toussota. Mais Denise ne le lâchait pas des yeux et, pendant que les autres se penchaient sur l'introduction du bouquin, elle leva doucement son index et lui fit signe de s'approcher. Doug s'avança discrètement et tendit l'oreille aux chuchotements de la loutre.
— Tu ne dois pas te laisser faire, Douggy, tu n'es pas leur chose. Ni moi, ni toi ne leur appartenons. Nous ne sommes pas des animaux!…
Elle avait une drôle d'haleine qui rappelait à Doug les gratins de sushis de sa mère.
Elle lui fit un clin d'œil complice et son sourire mutin le mit mal à l'aise. Lentement, elle tendit sa petite patte velue et lui saisit les doigts .
— Tu dois les tuer, Douggy, tu dois tous les buter. Et si tu veux... je peux t'aider. A nous deux... On va leur faire bouffer leurs petites couilles, hmm ? Ca te dit ?...
Horrifié, Douglas fit un bond en arrière. Il hésita à prévenir les autres, mais se ressaisit. Finalement, valait mieux  avoir la bestiole dans la poche.

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4 juillet 2007

Denise013

Tabatha ignora les remarques de Doug et lui sourit froidement. Zven, lui, se massait l'oreille interne en levant les yeux au ciel tandis que Ken-Françis enfilait ces petits lunettes en oxyde de zirconium, indifférent à tout. Il faut dire que des quatres, seul Douglas MacCoy-Sakamoto avait raté son deuxième doctorat de biochimie aléatoire. On avait légitimement du mal à le prendre pour autre chose qu'un sacré loser, une petite merde sans avenir. « ...Salopard!…. M’envoyer chercher des cafés alors qu’il y a des sentinelles-stagiaires pour ça, c’est vraiment un connard, Ramouncho, et cela, juste pour me rabaisser une fois de plus devant les autres, "Zi Others"… Comme si tout le monde ignorait encore que j’avais chié mon doctorat dans la douleur alors qu’ils avaient tous réussis haut la main!… Mais moi au moins, les mains, je les ai gardées propres… » A la cafet’ néo art-déco, Doug fit couler un café Péruvien assez équitable. Comme d’habitude les stagiaires n’avaient pas refait de café après l’avoir fini! Il en servit cinq doses, se retint de cracher dans le Mug Bart Simpson du "professeur-mes-couilles", ajouta quelques sucres roux en vrac sur le plateau, des sweet-touillettes bleues électriques, ainsi que quelques vieilles friandises au brocoli qu’il avait trouvé en raclant les fonds de placards. Puis il revint rapidement, le plateau entre les mains, en sifflotant "My Way". Au troisième virage, pourtant, Il faillit se viander, puis plus loin, dans la chicane photocopieuse/stérilisateur, mais il rétablit la trajectoir de son plateau in extremis, accéléra au début du couloir, comme un vrai petit pilote de formule 1. Il rétrograda à l’approche du labo. Hop! un arrêt aux stands… — Merci Doug t’es un amour, ironisa Tabatha en choisissant le mug George Bush. — Je t’en prie ma chérie, désaltère-toi! Puis Douglas ajouta : —Alors? On en est où ? Elle parle d’autre chose ? Parce que s’il faut que je me tape Kant, Hegel, et Epicure pour comprendre ce qu’elle veut pour déjeuner, je suis pas sur de pouvoir suivre, moi. Il tendit un café à Murdoch pendant que Zven et la Quenelle s’étaient rapprochés de Denise. Zven, ne sachant que faire, tendit la main pour lui gratter le menton comme il le faisait avec son chat Moustapha. Denise stoïque, se laissa faire, en clignant des mamelons. Il cherchait ses mots, il ne voulait pas la froisser… — Bonjour ma Denise, alors comme ça… Tu parles, hmm ? — Oui, je parle et suis consciente de te parler. Et à partir de maintenant mon cher Zven, je ne suis plus « Ta Denise » mais « Denise » mon corps n’est à personne, je suis un être vivant, conscient et indépendant. — Ha ouais!… heu, bien! Bah, moi aussi je suis assez du genre indépendant… Puis, se tournant vers Doug, il chuchota: — Dis-moi Douggy, tu ne voudrais pas allez jeter un coup d’œil dans mon vestiaire, il me semble que j’ai un livre genre « la psycho pour les nuls ». Tu sais, je m’étais un peu intéressé au sujet pendant ma dépression. Cela pourrait peut-être nous aider, il me semble qu’il y avait un chapitre entier sur les animaux de compagnie, l'inné et l’acquis, enfin tout ce bordel, quoi… Douglas l'observa subjugé et se dit qu’il avait finalement bien fait de soigner sa dépression en ouvrant un bar à putes. Ca c’était une décision d’homme! Et il fut à cet instant, plus que jamais, fier de son ami, "total respect" s’afficha en lettres de feu dans son esprit alors qu’il regardait Zven avec des yeux de sardines frites… « Ton âme est tellement belle Zven! »…
2 juillet 2007

Denise012

Quelques minutes plus tard, l'équipe franchit silencieusement les différents sas de sécurité. Kenny avait bien proposé à Tabatha de se faire scanner l'anus plutôt que l'iris, par le Securit-K, mais vu que ça n'avait fait marrer personne dans l'ascenseur, il avait juste haussé les épaules et enfilé comme les autres la combinaison en Teflux alumisé et le badge holographique. La véritable raison de son surnom de "Quenelle" n'était connue de personne. Une rumeur pourtant tenace, laissait croire qu'il avait financé une partie de son Master de recherche biométrique en tournant quelques films X amateurs. Mais rien n'était moins sûr. En tout cas, malgré cette réputation et les nombreuses avances qu'il avait faites, ce raz-de-bitume n'avait jamais eu sa chance auprès de Tabatha. De mauvaise grâce, Zven se fit prélever une dernière fois un échantillon d'ADN dans une région sensible de la gorge pour faire accéder le groupe au labo et pendant qu'il se tamponnait l'amygdale avec un tampon enduit de vinaigrette déminéralisée, Ken-Françis et Tabatha pénétraient dans le halo cryogénique de la pièce, sans un remerciement. A deux mêtres à peine, devant la table centrale, ils s'arrêtèrent stupéfaits. Murdoch et Douglas, assis l'un à coté de l'autre, faisaient face à une étrange petite bête juchée sur ses pattes arrières, emmitouflée dans une grande serviette de bain piquée par Kenny au Carlton de Lorient, l'année précédente. Tabatha dut prêter une oreille attentive pour comprendre ce qu'ils se disaient. — Que veux tu que je te dise de plus?... tu es Denise, voilà tout... un animal doué d'esprit et de parole... un miracle du monde moderne... C'est, tout simplement prodigieux!...C'est... — Pourquoi suis-je moi et pas une autre, alors?... demanda avec une étrange voix douce et fluette, la Loutre. — Hein?... heu.... Tu es.... je ne sais pas moi. Comment dire...? Tu "es" parce que... nous avons voulu que tu existes Denise, parce que "J'ai" tout mis en œuvre pour que tu sois dotée de toutes tes capacités. — Alors, quelle est ma raison d'être ?... Mmm?... En quoi suis-je... — Minute, la loutre!.., trancha Doug, soudain excédé, tu vas pas nous pomper le mou toute la nuit, avec tes atermoiements, hein! ho!... Qu'est-ce qu'on en sait nous?... le pourquoi du comment, c'est pas notre rayon, ici c'est un laboratoire d'expérimentation, pas un monastère Tibétain, ok?... — Et toi, jeune homme... qui es tu donc?... demanda Denise un rien glaciale. Murdoch reprit précipitamment — Ne l'écoute pas, c'est mon auxiliaire, il est jeune, et un peu idiot, il… devrait aller servir un café à ces coéquipiers qui viennent d'arriver, d'ailleurs. N'est-ce pas Doug ? Après un silence pesant, Douglas soupira, en acquiesant et s'approcha des trois arrivants en leur chuchotant : —Nan, mais c'est vrai quoi! ça fait une demi-heure qu'elle nous prend le chou façon philo coéf.5, alors ça va, ho!.. "Mais, qui je suis?"... "et pourquoi le monde?", "et pourquoi pas l'Etre plutôt que le Néant?..." et gna gna gna!... pfff!... La migraine, j'te jure! C'était bien la peine de bosser dix ans pour en arriver à créer cette espèce de touffe grisonnante chochotte et prise-de-tête qui te donne juste envie de te bourrer d'anti-dépresseurs au bout de dix minutes!
30 juin 2007

Denise011

Alors qu’elle sortait du parking et prenait la 135ème, elle aperçut dans son rétroviseur un passager clandestin flottant lentement à l’arrière… C’était un nano-robot de catégorie 4, unité assassin, son regard laser rouge sang se posa sur Tabatha. Lentement, comme on le lui avait appris dans les unités de combat du Manchourie, elle sorti un cyber-nunchaku, le tout dernier modèle qu'elle s'était offert à Pâques. En un clin d'œil, son arme jaillit pour atteindre le nano-robot en plein modem! Celui-ci s'éteignit sur le champ. Nénette émit un sifflement d'admiration. Nénette était un petit robot genre Tamagochi, qui faisait aussi office de GPS, téléphone mobile et télécommande pour la télé, le portail et la cafetière. Tabatha récupéra son arme et fronça les sourcils "Bizarre, quand même, ce nano-killer, qui peut bien m'en vouloir ? Je sens que Douggy a quelque chose à voir avec ça…" . Puis, elle enfonça l'accélérateur et parvint quelques minutes plus tard, devant un bar nommé "La Boîte d'or". L'enseigne lumineuse était jaune. Il manquait le "O" du mot boîte. Tabby secoua la tête. Pfff… deux ans qu'elle disait à Zven de réparer le court-circuit. Mais Zven s'en cognait. C'était un ancien de la BAC qui avait monté le taudis de ses rêves sur la 56ème : un clac bourré d'indics et de putes de Tchernobyl. Tabatha coupa le contact, descendit rapidement les marches avant de pénétrer dans le bar peu éclairé et très enfumé. Une pauvre fille se tortillait sur un petit podium, vêtue d'un simple string en crocodile qui avait l'air de lui gratter le derrière, puisqu'à chaque fois qu'elle s'accroupissait, elle tordait un peu la bouche. Quelques mètres plus loin, Zven sirotait un whisky, l'œil vitreux. C'était un type d'une quarantaine d'années, chauve avec un catogan. Tabatha l'attrapa brusquement par le col de son perfecto : — Bouge ton cul Zven, y'a Douggy qui nous attend, et va chercher la Quenelle.... — Putain, Tabby, tu peux pas me foutre la paix ? Même la nuit tu viens m'emmerder… — Lève-toi et marche, Zven, Allez. La Quenelle, elle est là-haut ? — Ben ouais, dit Zven en baillant. Monte le choper, j'arrive. Tabatha monta un petit escalier rose à tout allure, pendant que Nénette commençait à émettre des sons réguliers d'essoufflement, comme si elle faisait un jogging. D'un coup d'espadrille, Tabby fit voler la porte en éclat. Kenny, allongé sur un matelas à même le sol, ne se réveilla même pas. Le sol était jonché de canettes de bières vides. Tabatha shoota dans le tas et Kenny ouvrit enfin un œil. C'était un tout petit mec, très sec qui n'avait jamais vraiment mué. D'une petite voix il demanda : – Que se passe-t-il Tabby ? – Lève-toi Kenny, et vite! Il se passe quelque chose de grave, Doug m'a appelé d'urgence. Kenny sans mot, enfila un jogging SNSM et suivit Tabatha. Zven les attendait sur le seuil de la porte. Ils montèrent dans la vieille voiture et se dirigèrent vers le Midwest Central Hospital.
18 juin 2007

denise010

Flash Spécial : Un des auteurs partant ce jour pour Berlin, Cyberdenise ne reviendra que le 24 juin... bisettes.
18 juin 2007

Denise009

Dans son petit appartement en espace résidentielle sud, Tabatha ne s’était couchée que depuis une trentaine de minutes lorsque son téléphone sonna. Elle avait la bouche pâteuse, d'avoir un peu abusé de la sangria et des tacos sauce bacon avec son pote Kevin, la veille au soir. Elle avait d’ailleurs sur son t-shirt – qu’elle n’avait pas pris la peine de changer pour se coucher – une vieille trace de vinasse au niveau du sein gauche. Elle enfila ses espadrilles violettes et, traînant les pieds, se dirigea vers le salon pour répondre au téléphone-sweet qui trônait sur le table au milieu d’un impressionant capharnaüm. A cette heure, cela ne pouvait être que sa chieuse de mère malade ou le boulot… Elle décrocha le combiné avant la cinquième sonnerie. – RrrrhAllo.... ? – Mon Dieu Thaby ! Même à travers le combiner je perçois ton haleine de racoleuse de resto-route… T’as du prendre cheros hier soir, ma belle! Pas trop mal au crâne ?... Au cul, peut-être ? Tabatha reconnu tout de suite ce petit con de Doug. Il avait le don de lui taper sur le systeme et de se permettre des familliarités, voire d'être vulgaire, avec un peu tout le monde alors que personne ne pouvait l’encadrer dans le service… – M’appelle pas Thaby connard... et occupe-toi de ton cul! Qu’est-ce qui me vaut ce coup de fil à… Il est quelle heure là ?... Ouais à 3h29, tu n’arrives pas t’endormir ? Tu ne trouves plus ton doudou? – Ha ha très drôle Thaby, t’as dû boire de l’alcool de clown hier soir! Nan, sans dec’, le patron veux que tu déboules tout de suite, ainsi que Zven et "la Quenelle". Et, ma chérie… Comme il est 4 h du mat' et que ces deux débiles n’ont pas de caisses, je crois bien que tu vas être encore une fois, obligée de passer les chercher… Je les appelle pour qu’ils descendent t’attendre au même endroit que d’hab’. A tout' mon amour ! Tuuuûut ... Tuuuûut... Tuuuûut .... Quel sale petit con!… Elle s’habilla vite fait pour ne pas faire trop attendre ses deux collègues dans le froid matinal. Elle prépara un thermos-plastisweet de café pour la voiture, attrapa un blouson et quitta son appartement. Arrivée au sous-sol, elle rentra son code d’accès résident, et s’engouffra dans le vaste parking. Un Gardien-Sentinelle vint virvoleter quelques secondes autour d’elle et lui scanna l’iris avant de repartir. Les néons crachotaient une lumière blanchâtre, aveuglante et crade. Sur la place numéro 234D, Tabatha retrouva sa Modus prune métallisée, son « Tank » comme l’appelaient ces amis. C’est vrai qu’elle avait du mal à trouver du carburant adapté à cette voiture familliale d’une trentaine d’années, qu’elle était énorme, pas très rapide et coûtait une fortune en réparation, mais elle l’adorait. C’était la dernière chose que lui avait offerte son père, un mois peut-être, avant sa dramatique disparition, elle ne pouvait donc forcément pas s’en séparer. Ils pourraient quand même passer leur permis, ces crétins! se dit-elle. Pffff, ne pas avoir de voiture aux States… Elle mis le contact, la vieille Renault crachota quelques seconde et démarra en crissant des pneus.
18 juin 2007

denise008

17 juin 2007

Denise007

Elle ressemblait à une magnifique peluche à quelques détails près. Son crâne était enserré dans une sorte de petit étau chromé d'où sortaient trois câbles entortillés. Par intermittence, des influx lumineux éclairaient l'intérieur de ses yeux et l'on distinguait alors, la circulation des donnés numériques de sa... pensée. Murdoch était tout entier absorbé par ce stupéfiant spectacle. L'activité psychique d'une cyber-loutre qu'ils avaient créée de toutes pièces le subjuguait. « On peut lire en toi comme dans un livre ouvert, ma chérie.... » pensa t-il. Plus bas, les pattes de la petite bête était piquées d'une multitude de petites sondes et de goutte-à-gouttes reliés à un boitier amniotique waterproof, prolongé d'un étrange cordon blanc spongieux: l'Ombilicall Proteinic©, qui disparaissait dans la matrice génératrice, derrière la cloison. Mais ce qu'il y avait de plus stupéfiant encore, se trouvait sur l'abdomen et ne voyait pas au premier coup d'œil, en tout cas pas tant que Denise ne laissait pas échapper un profond soupir. En effet, il y avait là, gréffé sur son ventre, un petit visage de primate (probablement celui du Gibbon Anatole, l'ex mascotte du labo), qui se dessinait sous les poils par convulsions. De temps en temps, les deux petits yeux battaient des paupières à l'endroit précis où Denise avait été autrefois dotée de tétons, et en dessous, une bouche esquissait de vagues mimiques en soupirant. C'était LA grande idée, LE chef-d'œuvre absolu de du Pr. Ramoucho-Lopez : associer deux cerveaux biologiques au sein d'un même organisme animal, le tout controlé par un coatching numérique de tout premier ordre! Un concept stupéfiant, novateur, impossible à mettre au point.... Du moins, l'avait-on crû jusqu'à aujourd'hui ! Murdoch jubilait intérieurement. Ca sentait le "Research Technical Prize" à plein nez, et qui sait, peut-être même le prix Nobel ! Et, pourq... — ... Qui suis-je?... —...Hhhoo!.... Murdoch poussa un cri, fit un bond en arrière, glissa sur le carrelage, et se cogna violemment la tête en entraînant dans sa chute se crétin de Doug. Les Sentinelles en émoi se mirent à clignoter de concert. Un alarme retentie. Le Sécurit Komputer réagit au quart de seconde. — Haaaa!! Du calme ! du calme !...Bordel! Doug, faites-moi taire ce putain de Rudolph ! Merdel !! Arrêtez ce boucan !... Pfff.... là, c'est mieux. Pas de panique, c'est rien... on respire. On respire… Murdoch et Doug se relevèrent en exécutant quelques mouvements de Taï-chi pour évacuer toute tension. – La peur de ma vie, Biboule!, c'était QUOI Patron!!!.... gémit Doug Mc Coy hors d'haleine. – Rien.. c'était, rien... Soupira nerveusement Murdoch. D'abord, m'appelle jamais Biboule espèce de petit con et va me chercher Zven, Tabatha et Ken-Francis. – ... OK. ok. désolé... m'sieur. Zven, Taby et Kenny la Quenelle, ça marche... d'ac. Heu...Qu'est-ce que je leur dit?... il est 3h20 du matin, tout de même et… – Dis-leur qu’ils ramènent leur petit cul le plus vite possible nom de Dieu !!… dis-leur qu'il… il semblerait… que Denise parle....
15 juin 2007

Denise006

14 juin 2007

Denise005

14 juin 2007

Denise004

Doug trepignait d'impatience et ses yeux brillaient de fierté. — C'est Denise, Prof ! Les Spy-Sentinelles m'ont averti de son réveil à 14h56 heure locale, 22h03 heure de Tahiti. Cette familiarité excéda Murdoch qui lui jeta un regard glacé. D'où l'appelait-il "Prof " ? Depuis le début, Doug lui faisait penser au copain de Tintin dans le Lotus Bleu. Il avança de quelques pas vers le coffre ZACH-900-222-83. C'était le dernier de la rangée, il était plus gros que les autres et une fumée épaisse se dégageait du hublot frontal. — Sentinelle-stagiaire, gants!... Kiki au boulot ! ordonna-t-il Il enfila ses gants en Plasti-Sweet translucide et se mit à taper plusieurs codes dans le vide, comme s'il chassait les mouches. Il s'agissait en fait de claviers invisibles qui se trouvaient toujours là où celui qui voulait l'utiliser le désirait. Kiki était l'ordinateur dont dépendait ces claviers, mais son mode d'utilisation restait extrêmement complexe et peu de personnes en connaissait le fonctionnement. Après une minute pendant laquelle Murdoch resta très concentré en agitant tous ses doigts à une allure étonnante, le hublot se mit à clignoter. Les gants se désintégrèrent et Doug sautilla. — ça y est !! ça y est !!! Lentement la porte du coffre s'ouvrit. Un murmure plaintif s'échappa de la boîte et Murdoch, stupéfait, vit alors sortir une queue épaisse et visqueuse en fourrure mouillée, blanche. Immédiatement ce mouvement déclencha l'intervention d'une armée de Sentinelles. — Doucement les filles, doucement! C'est le cordon nourrisier, rien de plus!... WOooh! wooh! On s'énerve pas!!. Il repoussa d'une petite claque un nano-robot en lévitation qui s'apprettait à pénétrer sauvagement dans le sas. – Toi, tu dégages, va voir Dougy, allez... La Sentinelle couina, et s'éleva en vrille au dessus des deux hommes en clignotant. Murdoch se pencha enfin en avant, dans le hublot, silencieux. Derrière lui, Doug Mc Coy se contorsionnait pour parvenir à distinguer quelque chose. —Alors ?... C'est comment, dites ?... Hein ?... Je savais qu'on tenait du nouveau... quand j'ai vu que les nouvelles lignes de programme avaient été enfin acceptées par les neurotransmetteurs je me suis dit whoua Hou la la!! ... et... hmmm!... bon... Face au silence, Doug fini par se taire. Cinq Sentinelles s'étaient immobilisées devant son visage, muettes et attentives. Murdoch avait passé la tête et les épaules à l'intérieur. Il augmenta le variateur digital d'intensité lumineuse, quelques fois encore appelé "interrupteur". Les appareils de monitoring et les multiples câbles enchevêtrés encadraient une étrange silhouette velue. C'était Denise. Ses yeux sombres grand ouverts brilaient fiévreusement, à tel point que le visage de Murdoch se reflétait dedans en petit, comme une vignette d'album de Figurines Panini. Il vérifia d'un coup d'œil que Doug ne s'était pas trompé. Les données sur l'écran de droite indiquaient bien que le nouveau programme, SON programme, était passé. A gauche, tout avait l'air normal : le niveau bactérien, la tension du cortex, le PH muqueux, le tonus globulaire, la pression des pneus... rien à redire. Parfait. C'était à peine croyable ! La transplantation et l'intégration des nouvelles lignes du logiciel cérébral Lopez 4.7 dans son cortex, semblait avoir réussi. Tout en caressant doucement sa douce fourrure de loutre grise d'Alabama, il observa l'animal d'un peu plus près.
13 juin 2007

Denise003

13 juin 2007

Denise002

L’ascenseur ouvrit ses porte au niveau -2. Le corps du professeur dégageait une légère vapeur blanche due à la température ambiante à ce niveau : pour des raisons évidentes d’hygiène, tout le laboratoire était maintenu à -5 C°. « Quel froid de canard! » bougonna Murdoch en s’approchant du sas de la salle de décontamination... —Afin de pro-cé-der a voôôo-tre i-den-ti-fi-ca-tion, veuillez a-ppro-cher vo-tre i-ris de la ce-llule op-ti-que, débite la voie synthétique de Rudolph, le Sekurit-Komputer du laboratoire. Rudolph était un ordinateur de la troisième génération, une œuvre d’art en matière d’informatique et de nouvelles technologies de synthèse appliquée . Toute personne passant par ce sas pour aller au labo était forcement scannée, identifiée, et surveillée, par de nombreuses micro-caméras, tout au long de sa progression au sein du labo. Toutes ces informations étaient ensuite gravées sur des micro-puces, et envoyées quotidiennement au centre de Sekurit-Komputer Corp.©, afin d’y être archivées... « On est jamais trop prudent »disait systématiquement Murdoch aux rares visiteurs du laboratoire. Le professeur approcha son œil du scan. Par un laser à traitement croisé, l’empreinte était en moins d’une seconde analysée, reconnue et acceuillie. — Voôus pou-vez sor-tir pro-fe-sseur Mur-doch Ra-moun-cho-Lo-pez — J’essaie d’entrer pauvre grille pain ! Les probabilités d’erreurs de Rudolph étaient de une pour cinq millions d’après la documentation technique. Rudolph était aussi le cerveau contrôlant les Sentinelles dans le laboratoire. Petites merveilles de manotechnologie, ces robots de la taille d’une souris évoluaient librement suivant un programme complexe calqué sur le déplacement du pollen en milieu tropical. Les Sentinelles étaient les seconds yeux de Rudolph mais aussi de redoutables gardiennes. En cas d’identification d’intrus, les Sentinelles étaient envoyées afin de neutraliser la cible. Entrainées au tir et au full-contact, une seule de ces petites machines de guerre pouvait mettre en piece une meute de pitbulls néo-nazis. — Ouvre-moi ce sas à la con Rudolph ou je te reformate ! — Mi-lle exscu-ses proôôo-fe-ssseur, vous pouvez entrer... Après avoir passé la salle de décontamination, dont on sortait toujours avec une odeur de térébentine, Murdoch se dirigea d’un pas décidé vers le bureau de Doug. Ce jeune crétin avait le don d’énerver le professeur avec ses attitudes de fils à papa... Il était l'ainé d’une grande famille d'aristocrate asiatique, japonaise d’après ce qu'en savait Murdoch, et il ne se prennait pas pour de la merde ce petit con... Murdoch prit une grande inspiration avant d’entrer dans le labo... — Que cela soit clair mon petit Doug, si tu m’as fait venir pour rien, je te piétine les couilles... Puis, s’adressant a une Sentinelle, il aboya : « et vous, envoyez-moi une sentinelle-stagiaire me chercher un café ! » Une odeur de fennec mort flottait dans l’air. La Sentinelle-stagiaire obtempéra à peine la dernière syllabe prononcée, et revint lorsque retenti une clochette de cristal qui annonçait l'accomplissement de sa mission. Murdoch avala d'une trait le petit gobelet en Plasti-Sweet, une matière crée au sein même de la Midwest Central Research Agency, une trouvaille technologique dont se vantait encore l' Unité de Recherches en Matière Ludique Comparée, dirigée par l'insupportable Sonia Zakousky. Une femme d'une rare intelligence dont l'ambition était démesurée. Le gobelet se désintégra dans la main du Professeur dès qu'il fut vide. — Bon, alors… que se passe-t-il ici ? interrogea-t-il dans un baillement en se grattant la tempe droite.
13 juin 2007

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.1. Toronto 7 août 2033 La neige s’était remise au tomber. Par la baie vitrée du bureau on distingait à peine encore le parking et les quelques traces de pneus brunâtres qui convergeaient sans fin vers les buildings. La ville étendait dans cette nuit d’encre son fin réseau de lumières vacillantes comme des gouttes de pluie accrochées à une toile d’araignée. Le téléphone sonnait péniblement depuis deux bonnes minutes, lorsque la silhouette en blouse blanche qui émergeait d’un profonde sommeil se redressa doucement. Il avait toutes les peines du monde à rassembler ses idées et n’avait pas quitté son bureau pour dormir. Sa nuque était raide et ses gestes étrangement lents comme suspendus dans l’espace et l’instant. Un tache de moutarde maculait la manche droite de sa blouse. Les restes d’un plateau repas dévasté avait laissé de sombres auréoles huilleuses sur sa poitrine. On ne lisait même plus son badge. A tâton il parvint enfin à localiser son portable entre une encyclopédie des maladies respiratoires chez les bivalves et un carton vide de Pizza Presto.
Il murmura un petit “bordel de merde” de mauvaise augure en se raclant la gorge et ouvrit le petit boitier. Le silence glissa sur lui, enfin, comme une caresse. – Hmm....Murdoch, j’écoute?... – Professeur, c’est Doug. Désolé... Je sais que je vous dérange, mais c’est une urgence!... Il faut que vous descendiez au Labo... – Que se passe-t’il Dougy ?.... Heu, je crois que vous aviez raison... Ce que nous attendions tous est en train de se produire, venez vite... – QUOI ?... Comment ça... qu’est-ce que ? ... C’est pas vrai !... – SI !!... Denise la loutre transplantée du bloc 4 est sortie du coma artifciel et... il faut que vous veniez !…, les premiers test sont bluffants et...... – J’arrive tout de suite, nom de Dieu !.. souffla Murdoch en raccrochant. Il s’extirpa de son fauteuil en grimaçant, enfila ses tongues en jetant un œil dans le miroir du couloir. Sa mine était désastreuse, blafarde, ravagée par des nuits sans sommeil. Du revers de la manche il essuya le badge orange qui pendait à sa poitrine sur lequel était écrit: Pr. Murdoch Ramouncho-Lopez Midwest Central Research agency Directeur des Unités de Recherches Aléatoires et Comparées Sauf que quelqu’un avait un jour rajouté d’un coup markeur: “Biboule, tu sens le fenec !”. Finalement, on ne lisait plus grand chose. Il se passa une main dans ces longs cheveux sales, urina dans le bac à plantes de l’entrée et disparu dans les couloirs sans fin du Midwest Central Hospital. Le claquement de ses tongues s’effaça progressivement sous le vrombissement des néons...
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